Emmanuel Macron veut rendre du pouvoir d’achat aux français, c’est la philosophie du deuxième budget de son mandat présenté lundi 24 septembre 2018 au Conseil des ministres. Avec cet objectif, les efforts de réduction de la dette publique sont remis à plus tard.
Ils sont mis entre parenthèse : l’an prochain, au lieu d’emprunter moins, la France sera après l’Italie le pays de la zone euro qui émettra le plus de dette. Ce boulet qui grossit d’année en année représente maintenant l’équivalent du produit intérieur brut. Le seuil des 100% aurait même été franchi il y a quelques mois. Après les efforts réalisés en 2018 pour être dans les clous fixés à Bruxelles, le gouvernement relâche la bride. Le déficit public remonte à 2,8% du PIB en 2019 au lieu de 2,6%. On frôle désormais la barre sacrée des 3%. Le président n’a pas réussi à réduire « en même temps » et l’endettement et les prélèvements obligatoires.
Pourquoi le président met-il cet engagement de côté ?
Pour assainir les comptes, le moyen le plus radical est de couper dans les dépenses. Or, cette année encore, les dépenses publiques vont augmenter. Quelque 25 milliards d’euros en plus par rapport à 2018. Une hausse qui sera financée non pas par de nouvelles recettes fiscales, puisque les impôts vont baisser mais bien par l’emprunt. Comme ses prédécesseurs, Emmanuel Macron se refuse à tailler dans les dépenses. Pour des raisons économiques, difficile de dépenser moins quand la croissance s’essouffle comme c’est le cas en ce moment, cela pourrait amplifier le ralentissement. Et aussi pour des raisons politiques : difficile de prendre des décisions forcément impopulaires quand on a déjà perdu une bonne part de son crédit dans l’opinion publique.
Quelles sont les conséquences de ce dérapage budgétaire ?
Dans l’immédiat, il sera relativement indolore. La dette française est toujours très appréciée par les investisseurs, l’Etat peut donc émettre des nouvelles obligations à un taux raisonnable. En revanche, sur la scène européenne, ce n’est pas très bon pour l’image du gouvernement. Le président Macron qui veut réformer l’Europe s’avère incapable de changer, de rompre avec les bonnes vieilles habitudes françaises. La France qui est sorti au printemps du processus de surveillance pour déficit excessif continue à être scrutée de près. Mais Bruxelles pourrait être plus clément cette année, la commission a d’autres problèmes plus urgents à traiter. Le Brexit, les décisions anti-démocratiques prises par la Pologne et la Hongrie, le risque de dérive du budget italien, et un rendez-vous électoral au printemps bien plus inquiétant que le dérapage français.
Le gouvernement dit maintenir ses objectifs de redressement des finances publiques d’ici 2022, c’est réaliste ?
Les experts en doutent, à commencer par le Haut Conseil des finances. L’organe indépendant chargé d’examiner le projet de budget trouve que le scénario de croissance sur lequel est construite la trajectoire budgétaire est trop optimiste. En cas d’accident, le gouvernement n’aura aucune marge de manœuvre. Le chef économiste de Natixis Patrick Artus estime lui qu’avec une croissance de l’ordre 1,3% dans les quatre prochaines années, le déficit sera de 4% en 2022 si le gouvernement continue à dépenser plus.
►En bref,
En marge de l’Assemblée générale des Nations unies, l’Union européenne a présenté tout à l’heure son projet de véhicule financier pour continuer à commercer avec l’Iran.
Sans recourir au dollar, en évitant donc la menace des sanctions américaines. Cette entité permettrait à l’Iran de poursuivre ses exportations de pétrole. Le système de bourse d’échange mis à la disposition des entreprises européennes pourraient être étendu aux pays qui le souhaitent.
Versace, l’une des dernières maisons indépendantes de la mode italienne bientôt sous pavillon américain
Michael Kors, connu pour ses sacs à main est prêt à débourser 2 milliards de dollars pour acquérir cette icône du luxe italien. Le rachat devrait être confirmé aujourd’hui aux salariés de Versace.
France 24