En Afrique, le respect des pratiques de la tradition est un symbole. Chaque cérémonie comporte des rituels. Il en est ainsi par exemple de la célébration d’un mariage. En principe, la jeune mariée doit effectuée une toilette en guise de purification avant de rejoindre sa belle famille. C’est ce qu’on appelle : La toilette purificatrice de la nouvelle mariée. Cette pratique est l’une des étapes entre le statut de célibataire et celle de mariée
Dans nos pays à tradition africaine, le mariage est soumis à l’accomplissement intégral de certains rituels : le rituel de la dernière toilette sacrée de la nouvelle mariée. Cette pratique est incontournable pour valider l’union du nouveau couple aux yeux de toute la communauté. Cette pratique fait partie des rituels de la préparation de la jeune fille à la vie conjugale.
Beaucoup de femmes s’y soumettent aujourd’hui sans en connaître la signification profonde. Tout mariage même célébré au plan civil et religieux, est considéré comme nul si la calebasse d’eau purificatrice n’a pas été versée sur la tête de la mariée. Cette pratique est appelée, «Kounkoli» et elle est la clé de la vie conjugale.
Cette cérémonie solennelle est organisée en fin de soirée dans la demeure paternelle de la fiancée au milieu de toute sa parenté féminine. Ce jour de gloire restera à jamais ancré dans le souvenir collectif et dans l’esprit des mariés. La jeune fille dont la tête et les deux pieds sont lavés rituellement au cours du «Kounkoli» rejoint le cercle des femmes, le club des épouses, le rêve d’une vie.
Lorsqu’un jeune homme décide de prendre femme, ses parents envoient le griot ou le démarcheur de sa famille auprès du père de celle dont il convoite la main. L’auguste émissaire accomplit sa mission en apportant un présent symbolique de 10 colas accompagnés d’un billet de 500 Fcfa ou de 1000 Fcfa. La réponse positive ou non est transmise quelques jours plus tard à la famille du jeune prétendant. Si elle est affirmative, le présent est accepté, dans le cas contraire, le griot le restituera.
En cas d’accord, le nouveau fiancé fera apporter, le plus tôt possible à son futur beau-père, 3 lots de 10 colas et une somme de 1 500 Fcfa. À partir de cet instant, les choses sont prises en main par la mère de la fiancée. En accord avec ses sœurs et belles-sœurs, elle fixera le montant de la dot. Elle varie entre 50 000 et 200 000 Fcfa selon les familles. Les parents du futur marié, en l’occurrence ses frères, apporteront un panier de colas et la somme arrêtée. Il faut souligner cependant qu’au sein de certaines familles, surtout lorsque le mariage se fait entre cousins et cousines, la dot n’est pas exigée. Elle est symbolique.
Entre-temps, la future belle-mère aura désigné la «mère protocolaire de la mariée». Cette mission de superviser toutes les étapes traditionnelles de la future union est dévolue à une sœur ou une cousine de la mère génitrice. Elle s’occupera de toute l’organisation du mariage. Le panier de colas et l’argent seront distribués dans toutes les familles alliées à raison de 5 à 12 colas et de 100 à 1000 Fcfa selon le degré de parenté et d’amitié. Cette distribution officialise les fiançailles. Souvent, la date du mariage est fixée au moment de ces retrouvailles de toute la lignée familiale de la jeune fille.
Les rituels du mariage vont ainsi commencer après la cérémonie civile et religieuse. La toilette des mariés existe dans nos mœurs et coutumes. Chaque ethnie donne sa signification à la chose. Il s’agit de laver tout une partie du corps de la nouvelle mariée, notamment, les deux bras, le visage et les pieds bien teintés avec le henné. La teinte des pieds au henné, «le kogon diabi» rassemble le groupe d’âge de la fiancée. Ce cercle est joyeux. Les amies de la future y rivalisent en chants. Elles chantent la tristesse de leur séparation proche ou les délices de la vie conjugale. Elles assurent que cette chance sourira à chacune, un jour ou l’autre.
«Laver les membres consiste à purifier la nouvelle épouse avant de la conduire chez son nouveau compagnon dans la vie. Cette épreuve fait d’elle une femme responsable. Elle est désormais prête à affronter les réalités de la vie de couple. Cette purification protège la future épouse des mauvais esprits et des mauvaises langues.
La tradition peulh quant à elle procède au rituel aux environs du crépuscule, juste après la prière du soir. La nouvelle mariée est installée, le torse nu, au milieu de la cour paternelle. Elle est lavée devant tout le monde. La cérémonie est rythmée par les chants et les danses de ses mères, tantes et sœurs. La toilette est faite par la griotte de la famille. Elle flatte les vertus de la mère de la nouvelle épouse. Guidée par une tante qui n’a ni divorcé ni abandonné une seule fois le domicile conjugal, la future mariée est installée sur un mortier
Le cercle des femmes se forme autour de deux calebasses neuves remplies à moitié d’eau tirée d’un puits. Ces calebasses symbolisent le couple qui doit se soutenir pour ne faire qu’une seule personne. Le visage de la future épouse, ses bras et ses pieds sont lavés. Après la toilette, la future mariée attache un pagne, porte un grand boubou, noue un foulard sur la tête. Enfin elle se couvre le visage d’un voile. La jeune fille est désormais prête à entrer dans la corporation des femmes mariées. Le fait d’installer la fille sur le mortier ou l’escabeau signifie tout simplement que la femme doit être sage, humble, très calme.
Les maures aussi pratiquent différemment ce rituel. Chez les souris de Bamako, les mariages sont célébrés les jeudis et les dimanches. Si l’événement a lieu le jeudi, la toilette est faite le mardi, si c’est le dimanche, le vendredi est le jour béni. La mariée est accompagnée chez son époux dans la soirée. Donc le mardi ou vendredi matin, les matrones lui lavent la figure et les membres de la mariée avec du savon et de l’eau. Le jeudi, le mariage civil est célébré par les religieux dans la soirée. A la fin de la bénédiction religieuse, la nouvelle mariée est accompagnée par les deux familles chez son époux. Les Soninkés, les Bambaras, les Kassokés pratiquent ce même rituel.
Cependant, toutes les ethnies de notre pays ne pratiquent pas le rituel de la toilette purificatrice. Les Sonrhaïs, les Arabes, les Chérifs ne soumettent pas leurs futures à la cérémonie de la toilette.
Source: SENENEWS.COM