Les Casques bleus marocains de la Minusca, environ 750 soldats, paient un lourd tribu. Directement visés, ils sont aujourd’hui déployés dans de nombreuses villes du sud de la centrafrique, toutes sous tension.
Quelques voix ont bien essayé de jeter l’opprobre sur le contingent de Casques bleus marocains basé en Centrafrique. Monseigneur Juan José Aguirre, l’évêque espagnol de Bangassou, a d’ailleurs récemment suggéré l’idée que la présence de soldats marocains dans la ville contribuait à attiser les tensions, du fait de leur confession musulmane.
À la Minusca, mission onusienne en Centrafrique, on se refuse de prêter le flanc à ce débat : musulman ou pas, ce n’est pas la question, déclare-t-on en substance. Sur le terrain, un ex-Séléka, de confession musulmane, s’amuse : « Les personnes qui sous-entendent que les Marocains pourraient favoriser tel ou tel camp en fonction de la confession se trompent lourdement ou alors jouent justement le ressentiment confessionnel. À Bangassou, récemment, ils ont empêché des ex-Séléka lourdement armés d’entrer en ville ».
Flambée de violence
Hors de question, donc, pour la Minusca de revenir sur la présence des quelques 750 militaires marocains déployés sur le terrain et qui répondent aux ordres du colonel-major Abdelaziz Cheikh. En 2016, la République centrafricaine elle-même exhortait le royaume à maintenir son contingent, au plus fort de la crise opposant les institutions marocaines à l’ex-secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.
Les Marocains sont présents en Centrafrique depuis des années : un premier contingent de 250 soldats avait été envoyé en 2013. Et depuis le début de l’année, la flambée de violence les rattrape : les annonces de décès se multiplient et leurs convois sont maintenant délibérément visés. Au total, neuf sont décédés en opération, dont un d’un accident de la route.
Les Marocains sont nombreux à participer à des opérations de maintien de la paix sur le continent. Ils étaient environ 700 engagés aux côtés de l’Onuci, en Côte d’Ivoire, dont les contingents ont quitté le pays en février 2017 et sont encore quelques 800 dans les rangs de la Monusco, en RDC.