Manifestants et policiers se sont affrontés ce lundi 31 juillet à Goma, en RDC, lors de la mobilisation nationale organisée par le mouvement citoyen de la Lucha (Lutte pour le changement) contre le maintien de Joseph Kabila au pouvoir. Une dizaine de manifestants, selon l’AFP, une cinquantaine, selon la Lucha, ont déjà été interpellés à Goma. La police n’a pour l’heure fait aucun commentaire.
Le mouvement congolais de la Lucha a appelé ce lundi 31 juillet à « une marche pacifique » sur toute l’étendue de la RDC « pour dire non à la présidence à vie de Monsieur Kabila et exiger les élections avant la fin de cette année ». Plusieurs coalitions et des personnalités d’opposition comme Moïse Katumbi ont apporté leur soutien à cet appel à « une marche pacifique », à l’expiration du délai sollicité par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) pour boucler l’opération d’enrôlement des électeurs au 31 juillet 2017. D’après Georges Kapiamba, le président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj), contacté dans l’après-midi, au moins 134 militants auraient été arrêtés dans le cadre de cette marche.
À Goma, une quarantaine d’arrestations
Dans la capitale du Nord-Kivu, Goma, à la mi-journée, le correspondant de l’AFP dénombrait une au moins une dizaine de manifestants interpellés par la police. À la même heure, la Lucha recensait pour sa part une cinquantaine de manifestants arrêtés. Un peu plus tard dans la journée, Georges Kapiamba évoquait pour sa part 42 arrestations de militants à Goma. Il précise toutefois que des passants, se trouvant là au moment des interpellations, ont été arrêtés eux aussi.
La Lucha décrit une « ville paralysée », de rues « barricadées », de marchés et de commerces fermés. Même son de cloche du côté de l’AFP, qui assurait ce matin que des manifestants jetaient des pierres sur des policiers et à ériger des barricades, et que la police réagissait par des tirs de gaz lacrymogènes pour les disperser. Celle-ci n’a pas encore fait de commentaire sur le sujet.
Malgré le déploiement de policiers sur toutes les routes de la ville, la Lucha assure que trois de ses militants et deux autres personnes sont parvenus au bureau de la Ceni pour déposer un mémorandum, avant d’être arrêtés. Par ailleurs, dans un communiqué publié sur sa page facebook, le mouvement assure que parmi les personnes arrêtées ce lundi à Goma, 27 seraient détenues dans les locaux de la police des police à Virunga. Quant aux journalistes présents, selon le mouvement militant, ils auraient été obligés de formater leurs appareils, et leur matériel aurait été confisqué.
Cinq journalistes arrêtés à Bukavu
À Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu (Est), des manifestants qui se rassemblaient sur la place de l’Indépendance ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes par la police, selon l’AFP. Dans l’après-midi, Georges Kapiamba de l’Acaj comptait 8 interpellations de manifestants dans la localité. Il évoquait aussi l’arrestation de cinq journalistes. La Lucha confirme que deux journaliste de la chaîne de télévision privée Canal futur ont été malmenés et leur matériel arraché par la police. Un autre journaliste de la station locale de la Télévision d’État a été brièvement interpellé avant d’être relâché avec son matériel restitué, témoigne pour sa part le correspondant de l’AFP.
La police anti-émeute déployée à Kinshasa
À Kinshasa, mégalopole de plus de dix millions d’habitants, la police anti-émeute a été déployée sur le boulevard Triomphal et au siège du Parlement, « depuis minuit », affirme la Lucha sur Facebook. Des patrouilles pédestres et motorisées étaient visibles ce lundi matin sur les abords de cet endroit d’où est partie la marche en direction de la Ceni, relate quant à lui le correspondant de l’AFP.
La Lucha fait état d’une « mobilisation réussie » dans la capitale, et de quinze à vingt personnes arrêtées, suite à la dispersion de la marche sur le boulevard. L’Acaj, elle, en compte 32.
D’autre part, d’après l’association des médias en ligne de RDC et l’Acaj, sept journalistes couvrant la marche à Kinshasa auraient été brièvement interpellés, avant d’être relâchés.
Entre cinq et quinze arrestations à Lubumbashi
Concernant la situation à Lubumbashi, la Lucha signale sur Facebook que la résidence de l’opposant Kyungu Wa Kumwanza a été encerclée par la police pour l’empêcher de sortir et participer à la marche qui a eu lieu « comme prévu » mais a été « fortement réprimée».
Au moins quinze personnes auraient été arrêtées dont plusieurs militants de la Lucha, Timothée Mbuya, le directeur de l’ONG Justicia, et le correspondant de Radio Okapi, la radio onusienne en RDC. Georges Kapiamba, de l’Acaj, fait de son côté état de 12 interpellations dans l’après-midi. L’AFP mentionne, elle, l’arrestation de cinq personnes, dont un journaliste de Radio Okapi, après la prière dans une paroisse catholique située non loin du bureau de la Ceni. Le nouveau chef de la police de la province du Haut-Katanga, le colonel Paulin Kyungu, qui a confirmé à l’agence de presse ces arrestations, a précisé que parmi ces personnes se trouvaient quatre membres de Lucha. Ceux qui tentaient de forcer le barrage de la police ont été, eux, dispersés à coups de matraque, a affirmé à l’AFP Me Jonas Mulumba de l’ONG Justicia.
Dans le reste du pays
Dans les autres villes du pays où la manifestation a eu lieu, la Lucha recense des dizaines de personnes arrêtées. D’après Georges kapiamba, de l’Acaj, 7 personnes ont été interpellées à Kindu, 11 à Béni, 15 à Butembo, 7 à Kasindi.
Des élections doivent être organisées d’ici à la fin de cette année en RDC, conformément à un accord conclu le 31 décembre 2016 sous l’égide de l’Église catholique. Mais, le 7 juillet, le président de la Ceni avait estimé qu’il n’était « pas possible » d’organiser les élections avant la fin de l’année en RDC.