Ulrich Sossou 29 ans, cofondateur de TekXL,directeur général de Botamp
À 29 ans, Ulrich Sossou a déjà mis sur orbite une fort belle constellation numérique qui compte quelques pépites, comme l’incubateur TekXL et le magazine en ligne Ecce Africa. « Aujourd’hui, grâce au numérique, tu peux être n’importe où et avoir des clients aux quatre coins du monde, explique l’ingénieur. Pour ma part, je forme des gens aux nouveaux métiers du numérique, j’aide des créateurs à se faire mieux connaître sur la Toile et je soutiens de jeunes entrepreneurs qui veulent créer leur boîte sur le web. »
Fils d’une commerçante et d’un médecin cotonois, ce bon petit génie a grandi dans un milieu plutôt ouvert, cultivé et privilégié. « Ma mère vendait, entre autres, des boissons qui, malgré les coupures de courant, étaient toujours fraîches parce qu’elle gérait bien son processus, de A à Z, raconte-t-il. Je m’en suis toujours inspiré. »
L’année de son baccalauréat, Ulrich Sossou commence comme beaucoup de jeunes par chercher une école à l’étranger, de préférence aux États-Unis ou au Canada. « Je ne voulais pas que mes parents s’endettent pour moi, j’ai donc décidé de rester à Cotonou. » Il obtient un master en génie industriel à l’Institut régional du génie industriel, des biotechnologies et sciences appliquées (Irgib-Africa).
Pour financer mes études, j’ai travaillé à mon compte en conseillant des entrepreneurs dans leurs projets numériques.
« Parallèlement, pour financer mes études, j’ai travaillé à mon compte en conseillant des entrepreneurs dans leurs projets numériques. » Parmi ses clients, l’université américaine Stanford, qui lui commande la conception d’une plateforme de cours en ligne. Montant du contrat : 5 millions de F CFA (7 600 euros), qu’il réinvestit dans de nouveaux développements.
Il crée notamment Takitiz, une société de solutions numériques qu’il revend en 2011 et, trois ans plus tard, FlyerCo, un site d’édition de flyers destiné aux agents immobiliers, qui, à sa vente, en avril 2016, affichait plus de 10 000 utilisateurs et un chiffre d’affaires annuel de 60 millions de F CFA.
En 2014, avec son compatriote Senam Beheton, Ulrich Sossou fonde TekXL, dont il est directeur technique : 11 start-up y sont actuellement incubées. En août 2015, c’est le lancement du magazine en ligne Ecce Africa, consacré à l’innovation sur le continent, à la conception duquel Ulrich Sossou a travaillé avec, entre autres, Marie-Cécile Zinsou.
Sa dernière création ? Botamp. Le service en ligne, qu’il a lancé en septembre 2016, permet d’automatiser et de personnaliser les techniques de marketing digital via les applications de messagerie comme Messenger ou WhatsApp.
Odile Gnonwin 25 ans, fondatrice et directrice générale du Centre de transformation des noix tigrées (CTNT)
«On parle beaucoup de grands patrons au Bénin, rarement de grandes femmes d’affaires. Je serai cette femme-là ! » assure Odile Gnonwin. Travailleuse, fonceuse et inventive, cette fille de mécanicien semble avoir tout pour relever le défi qu’elle s’est fixé de devenir « la reine de la noix tigrée », une plante herbacée cultivée dans le nord du pays, également appelée souchet, ou plus communément fio, en langue fon.
« J’ai commencé par vendre du souchet grillé à la fac, explique la jeune femme. Ça marchait tellement bien que je me suis rapidement fait de l’argent et me suis demandé si je pouvais apporter quelque chose en plus. »
En 2015, son master en droit des affaires obtenu, elle crée la première unité de transformation de souchet du pays, installée sur le lopin de terre familial du quartier de Tankpè, à Abomey-Calavi, et fonde sa marque, Norée, sous laquelle elle commercialise une dizaine de produits (ensachés sous vide et parfaitement étiquetés) : farines, biscuits, croquettes craquantes, crème hydratante, huile purifiante, tisanes et même whisky de souchet…
J’ai commencé par vendre du souchet grillé à la fac.
Outre leur saveur (noisette), ces tubercules sont réputés pour leurs qualités nutritionnelles : riches en minéraux, ils réduisent « le mauvais cholestérol » et auraient même des vertus aphrodisiaques.
Avec un chiffre d’affaires mensuel d’environ 300 000 F CFA (460 euros), Odile Gnonwin emploie désormais quelques ouvriers et compte embaucher prochainement un représentant qui sillonnera le pays pour faire connaître sa marque et ses produits. À la mi-décembre 2016, elle a remporté le premier trophée Benin Young Business Award (Byba), prix créé l’an dernier par plusieurs opérateurs présents au Bénin afin de distinguer de jeunes entrepreneurs.
Éric Mêtinhoué, 30 ans, PDG de Btech
Depuis qu’il a créé son entreprise, en 2015, tout est allé très vite. « J’ai commencé seul, avec juste un ordinateur portatif et une page Facebook pour faire la promotion de mes produits, que je livrais moi-même à la demande. Aujourd’hui, j’en vends 3 000 par an », se félicite Éric Mêtinhoué.
Sa PME, Btech, emploie désormais 15 collaborateurs et a réalisé en 2016, pour sa première pleine année d’exercice, un chiffre d’affaires d’environ 100 millions de F CFA (152 500 euros). Ses produits ? Des tablettes numériques conçues au Bénin et produites en Chine. Déclinées en quatre versions (Primaire, Collège, Université et Business), elles sont commercialisées sous la marque Kova (« Je suis arrivé ») à partir de 50 000 F CFA (76 euros) l’unité, dans une quinzaine de points de vente à travers le pays (principalement dans la région de Cotonou et de Porto-Novo, où le réseau internet est le plus performant) et sur deux sites d’e-commerce.
J’ai commencé seul, avec juste un ordinateur portatif et une page Facebook pour faire la promotion de mes produits
« Pour me différencier des autres marques, j’ai imaginé une tablette avec des logiciels de gestion, des suites d’applications spécifiques adaptées à différents âges et aux utilisateurs ouest-africains », explique Éric Mêtinhoué, qui espère pouvoir inaugurer la première chaîne de production Btech à Cotonou dès 2018.
Le jeune patron aime voyager aux États-Unis, « pour se rapprocher du high-tech », dit-il, mais aussi dans la sous-région, notamment à Lomé, au Togo, et à Niamey, au Niger, où il se rend régulièrement en voiture « pour se rapprocher de [ses] clients de demain ».