Un premier attentat a fait au moins 27 morts à Tanta, au nord du Caire, avant qu’une seconde explosion fasse au moins 11 morts devant une autre église copte à Alexandrie. L’État islamique a revendiqué les attaques. «Je prie pour les morts et les victimes», a déclaré le pape François depuis Rome.
La communauté copte d’Egypte a été une nouvelle fois visée par des attaques terroristes. L’explosion d’une première bombe a fait au moins 27 morts et 78 blessés dimanche dans une église de la ville de Tanta, au nord du Caire, trois semaines avant la visite du pape en Egypte. La déflagration est survenue peu avant 10 heures, en pleine célébration des Rameaux dans l’église Mar Girgis de Tanta, une grande ville à une centaine de km du Caire dans le delta du Nil, au premier jour de la Semaine sainte. Dans la foulée, une autre explosion a retenti près d’une autre église copte à Alexandrie. Le bilan fait état d’au moins 11 morts et 35 blessés, selon le ministère de la Santé.
L’attentat d’Alexandrie a été perpétré par un kamikaze «équipé d’une ceinture explosive», qui a tenté de pénétrer dans l’église Saint-Marc où se trouvait le pape copte orthodoxe Tawadros II à l’occasion de la fête des Rameaux. Des policiers l’en ont empêché et il s’est alors fait exploser, selon le ministère de l’Intérieur.
Les deux attaques ont été revendiquées par l’État islamique par un communiqué de son agence de propagande Amaq.
Pour la première attaque, «l’explosion a eu lieu aux premiers rangs, près de l’autel, durant la messe», a précisé le général Tarek Atiya, adjoint du ministre de l’Intérieur en charge des médias. Des images diffusées par la chaîne de télévision privée Extra news montraient le sol et les murs blancs de l’église couverts de sang, ainsi que des bancs en bois déchiquetés. Le bilan s’est rapidement aggravé, passant de 13 morts initialement à 27 morts et 78 blessés selon le ministère de la Santé.
«Soit une bombe a été placée dedans, soit quelqu’un s’est fait exploser»
Parlant au téléphone à la télévision Nile news, le gouverneur de Gharbiya le général Ahmad Deif a indiqué que les services de sécurité avaient ratissé la zone autour de l’église à Tanta pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’autres engins explosifs. Selon lui, il n’y a pas encore d’informations sur la nature de l’attentat. «Soit une bombe a été placée dedans, soit quelqu’un s’est fait exploser», a-t-il indiqué.
En Egypte, le Premier ministre Chérif Ismaïl a condamné cet attentat, soulignant «la détermination de l’Etat à éradiquer de tels actes terroristes, et éliminer à la racine le terrorisme noir». «Le terrorisme frappe de nouveau l’Egypte, cette fois-ci le dimanche des Rameaux. Une autre tentative odieuse mais ratée visant tous les Egyptiens», a pour sa part réagi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ahmad Abou Zeid.
«Solidarité avec les chrétiens d’orient»
Depuis la place Saint-Pierre au Vatican, le pape François a condamné l’attentat. «Je prie pour les morts et les victimes», a-t-il déclaré à la fin de la messe des Rameaux. Cet attentat intervient 19 jours avant une visite du pape prévue les 28 et 29 avril en Egypte, alors que la branche locale du groupe djihadiste Etat islamique (EI) avait récemment appelé à viser des chrétiens. Il intervient aussi quatre mois après un précédent attentat suici qui avait tué le 11 décembre 29 personnes également en pleine célébration, dans l’église copte Saint-Pierre et Saint-Paul, contigüe de la cathédrale copte Saint-Marc, au Caire. Cet attentat avait été mené par un kamikaze qui a fait exploser une ceinture explosive. En le revendiquant, l’EI avait affirmé sa détermination à continuer les attaques contre «tout infidèle ou apostat en Egypte et partout».
En France, l’attaque a suscité de nombreuses réactions. Le président de la République François Hollande a présenté ses condoléances aux familles des victimes, dénonçant un acte terroriste visant à «détruire l’unité et la diversité» de l’Egypte. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a condamné cet «ignoble attentat» et a déclaré que le pays était «solidaire» de l’Egypte.
L’attaque du Caire avait relancé les appels à durcir la lutte contre la mouvance djihadiste en Egypte, en particulier dans le Sinaï où elle a mené une série d’attaques sanglantes contre les forces de sécurité. L’armée égyptienne a annoncé le 2 avril avoir tué en mars dans un raid aérien Abou Anas al-Ansari, un des cadres fondateurs de la branche locale de l’EI, Ansar Beït al-Maqdess. Le groupe djihadiste avait prêté allégeance à l’EI en novembre 2014, se rebaptisant «Province du Sinaï».
Ce groupe avait revendiqué un attentat à la bombe ayant coûté la vie, le 31 octobre 2015, aux 224 occupants d’un avion transportant des touristes russes après son décollage de Charm el-Cheikh, station balnéaire dans le sud du Sinaï. Les Coptes orthodoxes d’Egypte représentent la communauté chrétienne la plus nombreuse du Moyen-Orient, constituant 10% des 92 millions d’Egyptiens, et l’une des plus anciennes. Ils se disent victimes de discriminations dans tout le pays de la part des autorités et de la majorité musulmane.
Auteur: figaro – Seneweb.com