Coup d’État au Soudan: Plusieurs ministres arrêtés

Des hommes armés non identifiés ont arrêté, tôt ce lundi 25 octobre au matin, plusieurs dirigeants soudanais à leurs domiciles, après des semaines de tensions entre les autorités militaires et civiles de transition dans ce pays d’Afrique de l’Est. La plupart des ministres – dont le Premier ministre – et les membres civils du Conseil de souveraineté qui chapeaute la transition au Soudan ont été arrêtés, a confirmé le ministère de l’Information.

L’arrestation de la plupart des ministres et des membres civils du Conseil de transition, à moins d’un mois de la date prévue de transmission du pouvoir des militaires aux civils, met le feu aux poudres dans ce pays de l’Afrique de l’Est. Des forces armées détiennent dans un lieu non identifié le Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, qui a été arrêté après avoir refusé de soutenir un « coup d’État », a rapporté le ministère de l’Information dans un communiqué.

Ce même ministère a ensuite indiqué que des soldats ont pris d’assaut le siège de la radiotélévision d’État soudanaise à Omdourman, ville-jumelle de Khartoum uniquement séparée par un pont sur le Nil. « Des employés sont retenus », ajoute le ministère alors que la télévision d’État diffuse actuellement un long concert de musique traditionnelle.

Rues envahies

Depuis l’annonce des arrestations, des manifestants se sont spontanément installés dans les rues de Khartoum pour protester, ils ont brûlé des pneus, coupé des routes et des ponts alors que la ville connaît un déploiement militaire renforcé et que l’internet a été coupé.

Il semble bien que ce soit un coup d’État des militaires contre la période de transition et contre le partenariat avec les civils au pouvoir comme l’a stipulé la déclaration constitutionnelle de 2019 suivant la chute d’Omar el-Béchir. Les civils avaient d’ailleurs multiplié les mises en garde depuis plusieurs semaines « contre un coup d’État » fomenté par les militaires.

Ces derniers jours, la tension était montée entre les camps des civils et des militaires. Le 16 octobre, indique l’AFP, des pro-armée ont planté leurs tentes devant le palais présidentiel où siègent les autorités de transition, partagées entre civils et militaires selon la transition qui devait s’achever en 2023. En réponse, le 21 octobre, des pro-civils sont descendus par dizaines de milliers dans les rues des différentes villes du pays, dans un joyeux festival pour, disaient-ils, « sauver » leur « révolution ». Depuis, le sit-in des pro-armées a débordé ailleurs dans Khartoum. Dimanche matin, premier jour de la semaine, ils ont bloqué un des principaux ponts de la ville créant des embouteillages monstres. Et le soir, ils sont de nouveau ressortis, brûlant des pneus en travers de route.

Deux factions civiles

Le bloc civil, les Forces pour la liberté et le changement, qui a conduit les manifestations contre el-Béchir, s’est désormais scindé en deux factions, qui s’opposent. L’armée et les forces sécuritaires, dirigées par d’anciens bras droits d’el-Béchir, ont multiplié les déclarations pour dire qu’ils ne peuvent pas remettre le pouvoir à des civils divisés entre eux. La semaine dernière, des milliers de Soudanais ont défilé à Khartoum et dans d’autres villes du Soudan refusant déjà « un coup d’État militaire ».

L’Association des professionnels, l’un des fers de lance de la révolte qui a mis fin en 2019 à la dictature du président Omar el-Béchir, a appelé ce lundi les Soudanais à la « désobéissance ». De leur côté, les États-Unis se disent  « profondément inquiets » par les annonces de prise de pouvoir par des militaires.

Le Soudan connaît une transition précaire entachée de divisions politiques et de luttes de pouvoir depuis que l’armée a poussé au départ l’ancien président Omar el-Béchir en avril 2019 après trois décennies de pouvoir sous la pression d’une énorme mobilisation populaire. Depuis août de la même année, le pays est dirigé par un Conseil de souveraineté composé pour moitié de civils et pour moitié de militaires.

 

RFI

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