La découverte de l’épave avec un corps visible à l’intérieur vont faire entrer l’enquête sur la disparition d’Emiliano Sala dans une nouvelle dimension, avec l’objectif de déterminer les circonstances de l’accident de l’avion et les responsabilités.
Les difficiles questions de l’évacuation de l’avion et de l’identification du corps
C’est l’enjeu le plus important à court terme, qui sera déterminant pour la suite. Après la découverte de l’épave, dimanche, les recherches ont fait une énorme avancée, grâce aux moyens conjoints de David Mearns, engagé par la famille et financé par une cagnotte, et l’AAIB (Air Accident Investigation Branch), le cellule d’enquête britannique des accidents aériens. Dans une interview à L’Equipe, Mearns a fait part de ses craintes sur le fait que l’AAIB ne remonte pas la carcasse à la surface. Ce qui est, selon lui, crucial pour l’enquête.
Par ailleurs, les enquêteurs ont annoncé qu’un corps était visible à l’intérieur de l’épave. La présence du corps faciliterait le processus du deuil pour les familles. Mais David Mearns craint que les autorités rechignent à se lancer dans une opération d’évacuation et de remorquage de l’épave en raison des coûts. « C’est cher mais combien pèse l’argent face à ces deux familles?, a déclaré David Mearns dans L’Equipe. Pour moi, ça n’a pas de sens de se lancer dans ces recherches, de réussir à retrouver l’avion, ce qui pourrait permettre de trouver des indices sur ce qu’il s’est passé, et d’abandonner. »
Déterminer les circonstances de l’accident
Sans communiquer sur la suite des opérations, l’AAIB a indiqué qu’elle rendrait un premier rapport d’enquête dans le mois. La découverte de l’épave a déjà permis d’établir que l’avion, à bord duquel avaient pris place le pilote David Ibbotson et Emiliano Sala, était en un seul bloc, ce qui sera déterminant pour tirer les premières conclusions sur les circonstances de ce drame. L’enquête s’annonce tout de même compliquée puisque l’appareil, un Piper Malibu, n’était pas équipé de boîte noire.
Les enquêteurs se baseront donc sur les données de vol ainsi que sur les communications entre le pilote et les contrôleurs aériens, dont ceux de Guernesey, les premiers à avoir donné l’alerté après avoir perdu le contact avec David Ibbotson et noté la disparition de l’appareil des radars. « L’avion volait à 5.000 pieds d’altitude (1.500 mètres, ndlr), avait expliqué la police de Guernesey quelques heures après la disparition de l’appareil. L’avion qui passait au-dessus de Guernesey a demandé une descente. Le contrôle aérien de Jersey a perdu le contact alors qu’il volait à 2.300 pieds (environ 700 mètres). »
Qui est responsable?
En plus de déterminer les circonstances de l’accident, les enquêteurs se pencheront aussi sur les responsabilités de ce drame. Plusieurs questions se posent encore, notamment au sujet du pilote David Ibbotson, qui aurait été invité à assurer les liaisons Cardiff-Nantes et Nantes-Cardiff (fatale au pilote et à Sala) par Dave Henderson, un autre pilote. Ce dernier avait décliné d’assurer le vol après été contacté par Willie McKay, agent de joueurs et intermédiaire avec son fils Mark dans le transfert de Sala de Nantes à Cardiff. C’est la famille McKay qui a proposé au joueur d’effectuer la liaison en jet privé à titre gratuit. Ce qui exonère les clubs, et notamment Cardiff qui avait proposé un vol régulier à l’Argentin.
« Il va y avoir une enquête car il doit y avoir un coupable, a exhorté Horacio Sala, le père d’Emiliano. La justice devra le déterminer. Il ne peut pas ne rien se passer. Je pense que ça va continuer. »
L’épineuse gestion des assurances
La détermination des responsabilités sera cruciale pour les assurances. Comme l’explique France Football, les joueurs sont habituellement couverts par deux types d’assurance dont celle de la « personne clé ». Utilisée dans les entreprises pour des « éléments indispensables à la société », elle est adaptée au football où les montants en jeu sont considérables. Emiliano Sala venait d’être acheté pour 17 millions d’euros à Nantes par Cardiff. Le club gallois aurait souscrit une assurance collective en cas d’accident auprès de tous ses joueurs, sans que l’on sache si Sala y avait adhéré lors de la signature de son contrat. Mais ces assurances ne couvriront pas l’accident si la responsabilité d’une ou plusieurs parties, hors club, est engagée.