Comment le vote des Français a évolué entre 2012 et 2017

INFOGRAPHIE – Enracinement du Front national, percée du vote Macron, éparpillement de l’électorat socialiste… À travers cinq cartes, Le Figaro fait le point sur l’évolution du vote des Français par rapport à l’élection présidentielle de 2012.

L’issue du premier tour de l’élection présidentielle a bouleversé la Ve République dans ses fondements. Les deux grands partis traditionnels, les Républicains et le Parti socialiste, ont été balayés par le jeune mouvement En marche! d’Emmanuel Macron, arrivé en tête avec plus de 24% des voix, et par le Front national emmené par Marine Le Pen qui dépasse la barre des 21%. Autre surprise: la percée de Jean-Luc Mélenchon et de son parti La France insoumise qui fait quasiment jeu égal avec François Fillon.

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Comment en est-on arrivé à de tels résultats, cinq ans seulement après la victoire du Parti socialiste? Le Figaro a tenté d’y voir plus clair en comparant le vote en faveur des principaux candidats entre 2012 et 2017.

● La progression du vote FN

Marine Le Pen a réussi son pari: se qualifier pour le second tour de l’élection présidentielle en dépassant la barre des 21%, soit plus de 7,5 millions d’électeurs. La stratégie de «dédiabolisation», imaginée au lendemain de la lourde défaite au second tour de son père, Jean-Marie, face à Jacques Chirac en 2002, semble ainsi porter ses fruits au plan national. En 2012, le FN avait obtenu 17,9% des voix (6,5 millions d’électeurs), en faisant le troisième parti de France, mais n’était pas parvenu à s’immiscer entre François Hollande et Nicolas Sarkozy au second tour.

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En cinq ans, le parti frontiste a donc gagné plus d’un million d’électeurs, remportant entre ces deux dates les élections régionales et européennes. Une confirmation de l’implantation territoriale du vote FN, notamment dans le Nord, l’Est et le pourtour méditerranéen, ainsi que sur la vallée de la Garonne. Concrètement, Marine Le Pen arrive en tête dans 18.845 des 36.000 communes françaises – soit près de 50% -, contre 7222 pour son rival Emmanuel Macron. Mais la candidate frontiste a également capté une partie de l’électorat de gauche sensible à son discours sociétal, notamment en Gironde ou dans l’Aude.

● Le vote Macron calqué sur celui de Hollande en 2012

Si l’Est, le Nord et le Sud-Est ont massivement voté en faveur de Marine Le Pen, le Sud-Ouest et l’Ouest, notamment la Bretagne, ont sensiblement basculé du côté d’Emmanuel Macron. Il y a cinq ans, François Hollande s’était appuyé sur cette partie du territoire pour se faire élire président de la République, même si ce dernier avait recueilli plus de 10 millions de voix, contre plus de 8,5 millions pour le leader d’En marche!.

Emmanuel Macron a réussi son pari en siphonnant les voix des électeurs du Parti socialiste, mais a butté face à la percée de Jean-Luc Mélenchon, qui réalise un excellent score.

● La percée de Jean-Luc Mélenchon

Le charismatique leader de La France insoumise a presque réussi son coup, échouant au pied du podium, à un peu plus de 600.000 voix de Marine Le Pen. Par rapport à 2012, où il avait recueilli 11% des voix, il gagne plus de 3 millions d’électeurs. Dans le détail, il réalise ses meilleurs scores dans le Sud-Ouest, notamment en Dordogne et en Ariège où il arrive en tête, dans les anciennes régions Auvergne et Limousin, mais également sur une partie du pourtour méditerranéen et en Martinique.

Il y a cinq ans, celui qui était alors candidat du Front de gauche, avait également réalisé ses meilleurs scores dans le Sud-Ouest et le Centre de la France. Mais dans une moindre mesure, la majorité des voix de gauche allant dans la besace de François Hollande. Cette année, il a su profiter de l’effondrement du Parti socialiste dans ces terres historiquement de gauche.

● L’effritement de l’électorat de la droite et du centre

François Fillon n’a pas réussi à renverser la tendance. Troisième homme avec 20,01% des suffrages, derrière Marine Le Pen et Emmanuel Macron, il n’a pas su convaincre une partie de son électorat parti chez la candidate frontiste ou vers celui d’En marche!. La percée du FN dans l’Est et dans le Sud-Est, qui avaient majoritairement voté pour Nicolas Sarkozy au premier tour en 2012, conforte cette idée d’une fuite au sein de l’électorat des Républicains.

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Si l’ex-premier ministre a séduit une partie du Centre de la France, la Normandie, et la Savoie, il régresse dans le pourtour méditerranéen et en Corse.

● L’effondrement du vote PS

Si, en 2012, François Hollande avait séduit plus de 10 millions d’électeurs, dessinant les contours d’une France rose, Benoît Hamon n’a recueilli que 2,2 millions de voix. Soit une perte de 20% de l’électorat socialiste en cinq ans. La faute à un quinquennat manqué et à une fuite des sympathisants socialistes vers les idées défendues par Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. Le candidat du PS n’est arrivé en tête que dans 32 communes françaises. En Corse, Benoît Hamon a même été dépassé par Jean Lassalle: ce dernier a recueilli 5,6% des voix, contre 3,7% pour le candidat socialiste.

● L’abstention progresse par rapport à 2012

Grande inconnue avant le premier tour, l’abstention a quelque peu progressé depuis 2012. Il y a cinq ans, elle s’élevait à 20,52% au premier tour, et à 19,66% au second. Dimanche, les abstentionnistes ont représenté 22,23% des électeurs inscrits sur les listes électorales, soit plus de 10,5 millions de citoyens. L’abstention a donc rassemblé près de 2 millions de personnes de plus que le vote en faveur d’Emmanuel Macron, arrivé en tête au premier tour.

La Seine-Saint-Denis fait figure de mauvais élève avec plus de 25% d’électeurs qui ont boudé les urnes, de même que la Corse. Un schéma qui se répète en comparaison avec l’élection de 2012, même si l’abstention est plus élevée en 2017 dans les départements du Centre et du Nord-Est de la France. Le 7 mai, le score des abstentionnistes sera scruté de près. Un chiffre élevé pourrait en effet profiter à la candidate du Front national.

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