Au sein du Parti socialiste, la crainte d’une répétition du 21 avril 2002 aux élections présidentielles de 2017 se fait de plus en plus nettement ressentir. Cette année-là, Lionel Jospin n’était pas parvenu au 2ème tour du suffrage, laissant libre voie à Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen. Quinze ans plus tard, les ténors socialistes s’inquiètent de la possibilité d’un nouveau fiasco électoral. N’excluant pas l’hypothèse de l’absence de la gauche au second tour de l’élection présidentielle, le Premier ministre Manuel Valls a lancé ce samedi à Tours (Indre-et-Loire) un grand appel au rassemblement des différentes sensibilités qui traversent le PS.
QUESTION DU JOUR. Présidentielle 2017 : Manuel Valls doit-il être candidat à la place de François Hollande ?
Celui qui, il y a huit mois seulement, faisait état de «positions irréconciliables à gauche», a tendu la main, devant un parterre d’environ 200 militants à Tours, à toute sa «famille politique». «Aujourd’hui, mon rôle c’est de rassembler, a-t-il assuré. Le Premier ministre a ensuite nommé directement quatre anciens ministres démissionnaires et parfois virulents à son égard : «Je demande à Arnaud (Montebourg), Emmanuel (Macron), Benoît (Hamon), Aurélie (Filippetti): qu’est-ce qui nous sépare?»
Manuel Valls, pour appuyer ses propos, a explicitement convoqué le risque d’une absence de la gauche au deuxième tour. «Rien n’est acquis. C’est même le contraire, soyons lucides, qui nous est promis, a-t-il jugé, avant d’appeler à «réagir maintenant pour ne pas mourir demain (…), pour ne pas vivre avec la honte de la défaite et de l’humilitation.»
«Divisions», «luttes d’égo» et «règlements de compte»
Lui qui souffre d’une image clivante a ajouté «assumer» les «débats» et les «désaccords», mais a fustigé «l’ambiance actuelle, faite de divisions, de luttes d’ego, de règlements de compte». Il a ensuite esquissé ce qui pourrait s’apparenter à un premier pas : «Qu’est ce qui nous rapproche d’abord? D’avoir gouverné ensemble dans l’intérêt du pays et de partager des combats pour l’égalité (…) et des valeurs, celles de la République».
Ces déclarations enthousiastes interviennent un jour où les déclarations alarmistes de Jean-Christophe Cambadélis et de Bruno Le Roux se sont succédées. Le premier, dans un entretien à La Nouvelle République, a ainsi estimé qu’«à cette étape, aucun candidat putatif» ne semblait en mesure de «battre la droite» et même de «passer le premier tour». Partageant visiblement le même constat que le premier secrétaire du PS, le second, chef de file des députés socialistes à l’Assemblée, est même allé plus loin. Selon lui, la gauche sera «éliminée au 2e tour si Hollande n’est pas candidat».
Selon le dernier sondage BVA-Salesforce publié vendredi et en fonction des configurations, ni François Hollande (entre 9% et 13% d’intentions de vote), ni Jean-Luc Mélenchon (entre 12,5% et 14%), ni Emmanuel Macron (entre 11% et 14%), ni Arnaud Montebourg (entre 9% et 10%) ne parviendrait à se qualifier pour le second tour, tous restant loin derrière Marine Le Pen, Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy.
Source:leparisien.fr