C’est le premier pays exportateur de bananes au monde. Mais l’Equateur est aujourd’hui la première victime de la surproduction mondiale. Face aux baisses de prix demandées par la chaîne de distribution Aldi, en Europe, le géant mondial de la banane appelle les pays latino-américains à s’unir. Les producteurs africains de bananes sont également prêts à réagir.
Un cartel de la banane ? L’idée est ancienne en Amérique latine. Mais elle n’avait pas émergé de nouveau depuis que cette banane américaine également appelée « banane dollar » s’était taillé la part du lion sur le marché européen, aux dépens de la banane ACP européenne ou africaine, grâce à la baisse continuelle des droits de douane. Désormais 76 % des bananes consommées en Europe sont latino-américaines et l’origine Equateur arrive largement en tête.
Prix de la banane en baisse mais coûts de production en hausse
Et c’est aujourd’hui ce pays, premier exportateur mondial de bananes, qui appelle à constituer « un front » contre la chaîne de magasins Aldi. L’enseigne allemande réclame une ristourne d’un euro par caisse de banane, une baisse de prix considérable : 14 %. Elle fait d’autant plus mal que les coûts de production, eux, se sont alourdis : le pétrole est plus cher, ce qui se répercute sur les intrants et le transport des bananes. L’euro a également perdu du terrain face au dollar, monnaie dans laquelle les producteurs latino-américains vendent leurs fruits.
Bananes jetées au Costa Rica et en Colombie
Malheureusement cette chute des prix était prévisible, étant donné la surproduction mondiale de bananes, que l’Equateur a grandement contribué à créer. Une surproduction invisible tant que les accidents météo amputaient les récoltes, tant que les fruits concurrents avaient aussi des ennuis, mais, commente Denis Loeillet, économiste au Cirad, « l’Europe ne peut plus absorber un demi-million de tonnes supplémentaires de bananes tous les cinq ans ».
Depuis l’arrivée de Rafael Correa à la présidence en Equateur, le gouvernement essaie de réguler l’offre en limitant les droits à planter mais les producteurs résistent, de peur de voir leur concurrents du Guatemala prendre leur part du marché européen, ils leur ont déjà chipé leur marché aux Etats-Unis.
Les producteurs d’Afrique solidaires
Une « OPEP » de la banane est-elle possible ? Pour l’instant on voit surtout des producteurs jeter les bananes, au Costa Rica, ou en Colombie. Beaucoup d’autres vont vendre à perte, les investissements ont été faits. Mais l’Afrique pourrait se joindre à la protestation des producteurs latino-américains. Elle est très concernée, les bananeraies se sont étendues de la Côte d’Ivoire au Cameroun et au Ghana. « Aujourd’hui, nous confie Joseph Owona, le président de l’association Afruibana qui représente les producteurs africains, notre cause est commune. Nous avons une démarche en cours vis-à-vis de la grande distribution et de l’Union européenne » pour que les prix fixés par les supermarchés prennent en compte les prix de revient.
RFI