UNE EXPOSITION SOLO « SOS PODPA » DE CAROLINE GUÈYE À L’ESPACE « VEMA », À PARTIR DE JEUDI
19 février 2018Une exposition solo intitulée « Sos PODPA » (Pillage organisé des poissons africains) », démarre le 22 février prochain à l’espace « Vema », près de l’embarcadère de Gorée, à Dakar, à l’initiative de l’artiste plasticienne franco-togolo-sénégalaise Caroline Guèye.
La deuxième exposition individuelle de Caroline Guèye à Dakar, après celle organisée en 2015 à la galerie Kemboury, sur le thème « Les étoiles sur terre », se veut « un cri du cœur sur le pillage des ressources halieutiques de l’Afrique », a expliqué la plasticienne lundi au cours d’une rencontre avec la presse.
S’inspirant de l’actualité, elle dénonce « la pratique des bateaux étrangers très puissants qui pillent les eaux africaines et font disparaître certaines espèces ».
« Ce pillage a des répercussions sur le quotidien des Sénégalais, car le poisson est très consommé, la rareté de cette espèce fait grimper les prix et il devient inaccessible pour les populations », analyse la plasticienne.
A l’en croire, le message de l’exposition, prévue pour se poursuivre jusqu’au 3 mars prochain, est toutefois beaucoup plus large que cela, en ce qu’il porte sur l’environnement marin dans sa globalité et est traduit par 34 œuvres variées avec des tableaux au pastel et à l’acrylique.
Deux grandes installations, des sculptures murales en bronze et en fer, ainsi qu’une tapisserie, matérialisent cette thématique générale.
Du cursus scientifique de l’artiste, de ses voyages, de son environnement et de la résidence effectuée en Chine (Beijing) auprès d’un artiste chinois, il « ressort une sensibilité nouvelle qui non seulement guide ses créations, mais l’incite à utiliser de nouveaux matériaux », lit-on dans le dossier de presse consacrée à Caroline Guèye.
De même, peut-on encore lire, sa formation d’astrophysicien « interagit sur les formes aquatiques » de la peinture sur les toiles au pastel héritées de son grand-père, l’artiste togolais Paul Ahyi.
« Sur les toiles au pastel, le thème est repris, il y a des formes aquatiques, on peut y voir ce que l’on veut, j’incite les personnes qui regardent de se l’approprier et de l’interpréter à leur façon », explique l’artiste.
L’installation de filets de pêche vise, selon Caroline Guèye, à conscientiser sur les dégâts causés par ces instruments.
Les couleurs utilisées, à la fois sombres et vives, renvoient pour leur part au thème des essais nucléaires réalisés dans les océans avec « les effets néfastes » de la radioactivité sur les fonds des mers et leurs « couleurs magnifiques », dit-elle.
Caroline Guèye, considérée comme une artiste plasticienne engagée à travers son art, n’en est pas à sa première prise de position sur des sujets similaires.
Elle a par exemple dénoncé, à travers ses toiles, l’enlèvement de lycéennes de Chiboke par le groupe djihadiste nigérian Boko Haram en 2014, l’accident nucléaire de Fukushima au Japon en 2011. De même a-t-elle pris position sur ce qu’il est advenu de l’héritage de Nelson Mandela en Afrique du Sud, dans une œuvre intitulée « Zumandela ».
Caroline Guèye fait partie des artistes sélectionnés pour participer à l’exposition « in » du « Pavillon Sénégal », dans le cadre de la prochaine Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’art), prévue du 3 mai au 4 juin.
Outre le Sénégal, elle a déjà exposé en Mauritanie, au Niger et en France.