Les Tchadiens ont dû attendre 25 ans avant de voir leur ancien dictateur Hissène Habré traduit en justice au Sénégal. Du côté de la Gambie, cela fait trois mois que l’ancien dictateur, Yahya Jammeh, a perdu les élections et a fui en Guinée équatoriale. Des deux côtés, des familles ont perdu des proches, et des victimes réclament justice et réparation. Même si les deux cas sont très différents, et que Yahya Jammeh court beaucoup moins de risques en Guinée équatoriale, que Habré au Sénégal, une rencontre s’est déroulée ce lundi au Kairaba Hôtel, près de Banjul, pour un partage d’expérience entre les deux associations de victimes.
Une à une, les victimes gambiennes racontent leur histoire. Plusieurs années passées en prison, un frère disparu, un père assassiné. En face, les tchadiens se retrouvent dans ces récits . Souleymane Guengueng veut partager avec les Gambiens son long combat pour voir Hissène Habré traduit en justice : « Ca nous réveille même certaines émotions. Plus de 25 ans que nous autres nous luttons, ça nous a permis de vivre assez d’expériences pour aider et conseiller les autres. Ca ne devrait pas s’arrêter seulement avec les victimes tchadiennes ».
Méme si le cas Yahya Jammeh n’est pas comparable, l’échange est riche selon Reed Brody, juriste américain qui travaille avec les victimes tchadiennes : « L’idée c’est que les victimes d’Hissène Habré les motivent, les inspirent pour montrer qu’il est possible de créer des conditions politiques pour que leurs dictateurs soient jugés en Afrique ».
Ce sera donc une entreprise très longue qui n’aboutira peut-être pas. Mais la rencontre redonne un peu d’espoir à Baba Hydara, fils d’un journaliste assassiné sous Yahya Jammeh : « C’est très important qu’on commence ces sortes de rencontres. Ils m’ont expliqué que c’était une longue, longue, longue bataille. Mais on est prêts. On a beaucoup d’espoir ».
Les Gambiens suivront donc avec attention le verdict du procés en appel d’Hissène Habré, attendu dans deux jours à Dakar.
RFI