La récente visite d’une délégation du Polisario au Caire a ravivé les tensions entre le Maroc et l’Égypte. Cette fois-ci, le pays de Mohammed VI fais les frais des divergences régionales entre l’Égypte et l’Arabie saoudite.
Avec l’Égypte, le Maroc a toujours eu des relations en dents de scie à cause du Sahara occidental. Le dernier incident s’est produit samedi 10 octobre lorsque le pays d’Al Sissi a reçu une délégation parlementaire sahraouie, conduite par le chef du Parlement de la RASD, Khatri Addouh, à l’occasion d’une conférence parlementaire arabo-africaine à Charm el-Cheikh.
En marge de cette rencontre qui s’est étalée sur plusieurs jours, les parlementaires sahraouis ont eu des discussions avec la partie égyptienne sur la question du Sahara occidental. Rabat, qui n’a pas réagi officiellement, a fait savoir via la presse marocaine son indignation au sujet de l’accueil réservé à la délégation sahraouie, estimant que le Caire avait déjà assuré le Maroc de son soutien concernant son intégrité territoriale.
Tensions politiques
« Cette visite s’inscrit dans le cadre des manœuvres menées par Alger et le Polisario afin de parasiter la réintégration du Maroc au sein de l’Union africaine, qui sera étudiée en janvier lors du sommet de l’Union panafricaine à Addis Abeba », écrit le site marocain Le360. Au dernier sommet de l’UA à Kigali, l’Égypte était absente de la liste des 28 pays africains ayant signé la motion demandant l’expulsion de la RASD des rangs de l’Union panafricaine. Ce manque de solidarité des Égyptiens a été mal vu à Rabat.
Les deux pays n’en sont pas à leur premier accrochage. Une crise les a opposés à l’été 2015 à la suite d’une visite d’une délégation égyptienne dans les camps de Tindouf. La télévision nationale marocaine s’était alors fendue d’un reportage à charge contre le régime d’Al Sissi, affirmant que « l’avénement de ce dernier le 13 août 2013 s’est fait à la faveur d’un putsch militaire qui a démis de ses fonctions un président élu (Mohamed Morsi, NDLR) et qui a ordonné l’arrestation de centaines d’opposants ». Pour éteindre le feu, le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri s’était rendu à Rabat assurer aux officiels marocains que son pays soutenait leur position sur le Sahara.
Victime collatérale
En réalité, le Maroc semble subir les dommages collatéraux de la détérioration des relations entre le Caire et Riyad à la suite de désaccords régionaux sur la Syrie et le Yémen. Depuis quelques semaines, rien ne va plus entre les deux capitales. Début octobre, l’Arabie saoudite a suspendu ses livraisons de pétrole à l’Égypte. En riposte, cette dernière a voté à l’ONU un projet de résolution russe défavorable aux Saoudiens. Lequel projet demande le départ des membres du Front Fath al-Cham de l’est d’Alep, classé par Riyad dans l’opposition modérée, mais considéré comme terroriste par Moscou.
La sauvegarde de ses nouvelles alliances régionales pousse le Caire, de facto, à s’exercer à de périlleuses acrobaties dans ses relations avec les amis de l’Arabie saoudite. Et Rabat d’en faire les frais : depuis qu’Alger lui a proposé de combler son déficit en hydrocarbures à la suite du désistement saoudien, le régime d’Al Sissi souffle le chaud et le froid avec le Maroc, notamment en recevant des représentants du Polisario, protégé de l’Algérie…