Me Bénéwendé Sankara, avocat principal de la famille dans le dossier de l’assassinat de Thomas Sankara en 1985, a délivré une conférence de presse à Ouagadougou mercredi. Selon lui, le juge d’instruction en charge de l’affaire, ouverte en janvier 2015, a inculpé seize personnes et auditionné une centaine de témoins en 22 mois dont des acteurs politiques.
Selon Me Bénéwendé Sankara, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse, mercredi 12 octobre, le dossier judiciaire relatif à l’assassinat de Thomas Sankara « avance lentement mais sûrement. (…) Le monde entier et particulièrement par la jeunesse africaine », attend le procès, ajoute l’avocat, qui estime cependant que le temps importe peu. « L’essentiel, c’est la manifestation de la vérité, tôt ou tard », dit-il.
À ce jour, selon lui, seize personnes sont visées par des poursuites dans le dossier. Le juge d’instruction a notamment inculpé le général Gilbert Diendéré, Gabriel Tamini (journaliste et conseiller spécial de l’ancien président Blaise Compaoré), Christophe Diébré (colonel, signataire de l’acte de décès de Thomas Sankara avec la mention « mort naturelle »).
Le juge « a également procédé au lancement de deux mandats d’arrêt internationaux contre Blaise Compaoré [poursuivi quant à lui pour attentat à la sûreté de l’Etat, assassinat, recel de cadavre, NDLR] et Hyacinthe Kafando [tous deux en Côte-d’Ivoire, NDLR] qui font d’ailleurs l’objet d’une procédure d’extradition » depuis le 7 mars pour le premier et le 11 mars pour le second. La requête relative à leur extradition est entre les mains du commissaire du gouvernement près le tribunal militaire de Ouagadougou, selon Me Sankara.
Le président de l’Assemblée nationale entendu
Les témoins entendus avoisinent la « centaine », a également indiqué Me Sankara. Parmi eux, des responsables politiques comme Salifou Diallo (actuel président de l’Assemblée nationale), Arsène Yé Bongnesan (ancien président de l’Assemblée nationale et ancien ministre sous Compaoré), Étienne Traoré (ancien député), ou Basile Guissou (ministre des Affaires étrangères sous Sankara)…
Après l’échec de la démarche politique ayant visé la levée du secret-défense en France, la justice française est saisie d’une commission rogatoire, a ajouté Me Sankara, qui affirme aussi que « des informations relatives au Tribunal spécial pour la Sierra Léone ont été versées au dossier. » Objectif : cerner le rôle éventuel de l’ancien président libérien Charles Taylor dans le décès du président révolutionnaire.
Source:jeuneafrique.com