Recrudescence de la rougeole en Ile-de-France: «Un enfant malade peut en contaminer jusqu’à cinquante»

Cinquante-six cas pour le seul mois d’octobre. Si d’habitude, il est répertorié environ un cas de rougeole par semaine depuis le début de l’année en Ile-de-France, la région parisienne accuse une explosion des cas de cette maladie ces dernières semaines. La cause la plus certaine à cette recrudescence du virus : une couverture vaccinale trop faible, bien que le vaccin soit désormais obligatoire.

La Seine-Saint-Denis principalement touchée

L’ARS a observé 56 cas de rougeole en Ile-de-France au cours du seul mois d’octobre. Une recrudescente préoccupante de la maladie, dont on n’observait en moyenne que quatre cas par mois jusqu’à présent depuis le début de l’année.

Le foyer épidémique se situe essentiellement en Seine-Saint-Denis. Pour l’heure, aucun décès dû à la rougeole n’est à déplorer, mais onze personnes ayant contracté le virus ont été hospitalisées. Il s’agit principalement d’enfants de 4 ans dont les vaccinations n’étaient pas à jour.

« Une couverture vaccinale insuffisante pour être efficace »

Comment expliquer ce foyer épidémique ? « C’est parce que la couverture vaccinale est insuffisante pour être efficace », avance le Dr Sylvie Hubinois, pédiatre en Ile-de-France et présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire. Pour qu’elle permette de protéger la collectivité et ceux dont l’état de santé ne permet pas d’être vacciné, à l’instar des nouveau-nés ou des personnes immunodéprimées, « la couverture vaccinale doit atteindre un seuil d’immunité de groupe », rappelait à 20 Minutes Daniel Floret, ancien président du Comité technique des vaccinations, organisme rattaché à la Haute autorité de santé (HAS).

Problème, « si la couverture vaccinale de la rougeole s’améliore d’année en année », se réjouit le Dr Hubinois, elle n’est à ce jour en France que de 79 %. Or, comme le rappelle l’ARS de l’Ile-de-France, « pour éviter les épidémies de rougeole, il faut atteindre une couverture vaccinale très élevée, de l’ordre de 95 %. Or, aucune région en France n’a aujourd’hui atteint une telle cible ».

« Un enfant malade peut en contaminer jusqu’à cinquante autres ! »

Une situation particulièrement préoccupante quand on sait que la rougeole est un virus dix fois plus contagieux que la grippe. Ainsi, une personne qui contracte la rougeole peut en contaminer jusqu’à vingt autres. Mais « lorsqu’il s’agit de tout-petits en crèche, un enfant malade peut en contaminer jusqu’à cinquante autres ! », alerte la pédiatre.

La rougeole se transmet d’une personne à l’autre par contact direct ou par l’air, si une personne infectée tousse ou éternue, ou si l’on touche des objets contaminés. « Les symptômes les plus courants sont une forte fièvre, un écoulement nasal et oculaire important, une éruption qui apparaît d’abord dans la bouche, puis sur le visage, le tronc et se propage sur le corps, et la période de contagion est assez longue », décrit le Dr Hubinois.

Et « la rougeole n’est pas qu’une maladie bénigne du jeune enfant : elle peut toucher des adolescents et de jeunes adultes, insiste la pédiatre. Si les complications sont souvent sans gravité et d’ordre respiratoire, dans les cas les plus sévères, les malades peuvent développer de graves complications respiratoires et neurologiques, et des surinfections. La rougeole reste encore aujourd’hui une maladie mortelle ».

Une vaccination obligatoire pour une maladie à déclaration obligatoire

D’où l’intérêt de la vaccination massive. Ainsi, rappelle l’ARS d’Ile-de-France, « pour les enfants nés à partir du 1er janvier 2018, le vaccin contre la rougeole est obligatoire avec une dose à l’âge de 12 mois et une dose entre 16 et 18 mois ». Une vaccination en deux temps prise en charge à 100 % et qui peut être réalisée au cabinet de son pédiatre ou en Centre de Protection maternelle et infantile (PMI). « Aujourd’hui, ne pas vacciner, c’est faire prendre un risque à ses enfants mais aussi faire prendre un risque à tous ceux qui les entourent », déclarait en fin de semaine sur franceinfo Aurélien Rousseau, directeur général de l’ARS d’Ile-de-France.

« Quand on reçoit les enfants en consultation, on vérifie dans leur carnet de santé s’ils sont à jour dans le calendrier vaccinal, indique le Dr Sylvie Hubinois. C’est l’occasion de programmer la vaccination de l’enfant avec le ROR, qui protège contre la rougeole, la rubéole et les oreillons. Avec la plupart des parents, tout se passe bien avec le ROR, mais il arrive dans de rares cas que l’on soit face à des parents défiants à l’égard des vaccins, alors on ne les lâche pas ».

Pour endiguer la progression de la maladie, l’ARS rappelle que la rougeole est une maladie à déclaration obligatoire. « Si un médecin diagnostique un cas de rougeole, il doit le déclarer auprès de l’ARS de sa région, pour que les protocoles prévus à cet effet puissent être mis en place et ainsi endiguer la propagation possible du virus, poursuit la pédiatre. Par exemple, si un enfant en crèche contracte la rougeole, tous les autres enfants de la crèche devront être vaccinés à titre préventif, s’ils ne sont pas à jour de leurs vaccins ».

Entre le 6 novembre 2017 et le mois d’août 2018, 2.741 cas de rougeole ont été déclarés en France : dans 22 % des cas, les patients ont été hospitalisés. Et depuis le début de l’année, trois personnes ont perdu la vie après avoir contracté la rougeole. « Ce sont des morts évitables, déplore le Dr Sylvie Hubinois. La maladie pourrait être éradiquée si tout le monde était vacciné ».

20 minutes.fr

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