Tony Chapron dénonce les pratiques de l’arbitrage français

Il faisait partie des arbitres de Ligue 1 les plus connus du championnat de France. Mais la carrière de Tony Chapron s’est brutalement arrêtée un 14 janvier 2018, lors d’un Nantes-Paris Saint-Germain (0-1), match au cours duquel il s’est distingué en taclant le Canari Diego Carlos. Depuis, Chapron n’a cessé d’être l’objet de critiques, de remontrances. Devenu consultant pour Canal+, l’ancien directeur de jeu a décidé de sortir du silence dans un long entretien accordé à L’Équipe. Une interview dans laquelle il a abordé les jours très pénibles ayant suivi son dernier coup de sifflet à la Beaujoire, mais surtout les pratiques de l’instance dirigeante de l’arbitrage français.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça déménage. « J’analyse un système. Bien sûr, on va dire : « Il balance un pavé dans la mare. » Mais je voulais dire les choses, car un arbitre en activité est contraint au silence en permanence. « Se taire », c’est une obligation qui figure dans le règlement. Et « se soumettre » est une règle, car si l’on explique ce qui se passe et que l’on dénonce certains comportements, on est cloué au pilori », a-t-il déclaré, ajoutant que le système de notes mis en place pour l’arbitrage français forçait certains à jouer au « fayot » ou à commenter de manière acerbe les notes obtenues par certains collègues.

La DTA en prend pour son grade

Une critique dure envers le système de l’arbitrage français qui a été l’un des fils rouges du long entretien accordé au quotidien sportif. Une omerta ambiante selon Chapron qui pénaliserait les hommes en noir français sur la scène internationale. « Au niveau international, les arbitres français manquent carrément d’envergure. Ce n’est pas étonnant, car toute l’année ils sont obligés d’ânonner ». Mais ce n’est pas tout. Chapron révèle également que l’organe dirigeant les arbitres a créé une « note supplémentaire » pour son classement. Un extra basé sur des critères jugés très arbitraires par Chapron (disponibilité de l’arbitre, remplissage des devoirs administratifs, renvoi des données d’entraînement) qui permettrait à la DTA (direction technique de l’arbitrage) de modifier son classement à sa guise.

« Si vous savez que votre chef peut à tout moment vous rétrograder au classement, parce qu’il considère qu’un jour vous n’avez pas été agréable avec lui, vous évitez de le contredire. C’est ça la soumission ». Une soumission qui s’est confirmée selon Chapron par la décision de la DTA de ne pas donner le prix d’arbitre de la saison 2017/2018 que ses collègues lui avaient donné. « Le seul moyen qu’ils ont eu de s’exprimer pour m’apporter un soutien a été de voter pour moi. (…) C’était aussi une sorte de défiance vis-à-vis de l’institution. Mais comme le candidat qu’ils avaient choisi ne convenait pas aux instances, elles ont décidé que le vote était annulé ». Ambiance…

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