L’Inter-ordre des professionnels de la santé (IOPS) s’insurge contre l’adoption, par le conseil des ministres, d’un projet de loi sur l’ »officialisation du corps des tradipraticiens », les spécialistes de la médecine traditionnelle.
Les membres de l’IOPS reprochent au gouvernement de ne les avoir pas consultés lors de l’élaboration de ce projet de loi.
« Nous avons appris par la presse que le projet de loi a été étudié, adopté par le conseil des ministres le 6 juin, puis soumis à l’Assemblée nationale », a dit le président de l’Inter-ordre des professionnels de la santé, le docteur Mamadou Kâ, lors d’un point de presse.
Selon lui, le gouvernement prépare un « vote imminent » du projet de loi en question par les députés.
L’IOPS réunit les ordres de chirurgiens-dentistes, de vétérinaires et de pharmaciens du Sénégal.
« L’exposé des motifs [du projet de loi] ne peut en aucun cas justifier l’officialisation du corps des tradipraticiens, encore moins la création d’un conseil national des praticiens de la médecine traditionnelle », a soutenu son président.
Pour préparer son projet de loi sur la médecine traditionnelle, le gouvernement a invoqué la nécessité de « combler un déficit en termes de démographie professionnelle, d’infrastructures et d’offres de (…) soins dans le domaine de la médecine moderne », affirme Mamadou Kâ.
Ces motifs invoqués par l’Exécutif sont « totalement inexacts », d’ »une simplicité plate et ne reposent sur aucune base scientifique, sur aucune logique médicale sécurisante », a-t-il ajouté.
Les ordres de professionnels de la médecine sont « garants des règles déontologiques et des bonnes pratiques médicales », a argué le président de l’IOPS, dénonçant cette initiative du gouvernement.
Il affirme que le projet de loi sur la médecine traditionnelle est une menace contre « l’équilibre du bien-être physique, mental et social des populations ».
Pour mettre de l’ordre dans la pratique de la médecine traditionnelle, il faut d’abord « élaborer un code déontologique » et « définir le statut » de ses praticiens, soutient l’IOPS.
« Il ne s’agit pas d’opposer la médecine moderne à la médecine traditionnelle, encore moins de rejeter cette dernière. Il s’agit plutôt de créer les conditions d’une valorisation des pratiques traditionnelles positives, qu’il faut réglementer par des dispositions législatives sérieuses », précise le docteur Mamadou Kâ.
L’Inter-ordre des professionnels de la santé dit être prêt à apporter sa contribution à l’élaboration d’une politique gouvernementale de médecine traditionnelle.